Marie-Edmée Marlot (1923-2011)

La famille Marlot-Desbarres

Marie-Edmée (Marguerite Thérèse) Marlot naît en 1923 à Avrolles, près de Saint-Florentin. Elle grandit dans la ferme de Crécy. Son père, Pierre Marlot, né à Massingy-lès-Semur, est un agriculteur qui associe l’exploitation de 250 ha avec un élevage de bovins. Sa mère, Germaine Desbarres, née à la ferme du Beugnon, à Pontigny, vient d’une lignée de cultivateurs exploitant à Nogent-les-Montbard en Côte d’Or.

Arbre de trois générations

Pierre et Germaine ont neuf enfants, dont cinq qui ont vécu et que nous avons connu : Marie-Edmée (1923-2011), Paul (1925-2000), Bernadette (1927-1990), Etienne (1928-2015) et Marie-Ange (1933).

Les tantes de Crécy

La famille Marlot est aussi entourée de tantes, dont Thérèse (Tante Thé), Marie-Louise (Tante Mali) et Colette (Tante Co). Cette dernière est supérieure générale de l’ordre des dames de Sainte-Ursule.

Marie Edmée perd sa mère jeune, en 1943, alors qu’elle avait 49 ans. Elle participe à l’éducation des plus jeunes : Bernadette, Etienne et Marie Ange. Tante Thé et Tante Mali viennent à Crécy pour soutenir la famille et l’aider dans cette mission.

Pierre Marlot est aussi un maire respecté à Avrolles et surtout un penseur et militant du catholicisme social. Une influence marquante, notamment pour Françoise Leclercq, qui lui attribue l’ouverture de ses horizons.

Gabriel Leclercq entouré des deux tantes de Crécy : à gauche, Tante Thé et à droite, Tante Mali

L’amitié avec Françoise Leclercq

Brienon-sur-Armançon – Ecole Saint Loup – Cette photo est saisissante avec trois rangées, par tranche d’âge. Devinez où sont Marie-Edmée et Françoise Leclercq : une médaille aux gagnants !

Marie-Edmée est contemporaine de Françoise Leclercq avec qui elle fait toute sa scolarité primaire à Brienon-sur-Armançon. Bien que leurs chemins se séparent quand Marie-Edmée part en pension à Dijon, leur amitié reste solide toute leur vie. Cette connivence explique le mariage entre Gabriel et Marie-Edmée, mais aussi les rapports privilégiés des famille Leclercq et Lemaître.

Les deux familles, une histoire de cousinage

A la sortie de la guerre, comme aimait à le raconter Gabriel, il n’attend pas : il rejoint sa promise et lui fait sa cour.

Marie-Edmée et Gabriel se marient le 11 juillet 1945 (54 jours après la libération de Gabriel).

Françoise accrochant le voile de la mariée

La famille Marlot est doublement liée à la famille Leclercq : Marie-Edmée et Bernadette épousent deux cousins germains, Gabriel et Marc-André. Ce double cousinage explique les liens forts entre les deux familles, renforcés par la proximité géographique des fermes de Crécy et de Noël.

Pour la petite histoire, Françoise Leclercq a fait la connaissance de Guy Lemaître lors du mariage de Marc André et de Bernadette en 1946.

Catherine, Pascal et Nicolas, cousins Leclercq-Marlot sont très présents à la ferme de Noël, surtout Catherine, contemporaine d’Anne, qui passait toutes ses journées à la ferme de Noël.

Une femme investie sur tous les plans

Après son mariage avec Gabriel, Marie-Edmée prend le rôle de maîtresse de maison à la ferme de Noël. Elle le partage d’abord avec sa belle-mère Germaine, avant de prendre pleinement ses responsabilités.

Gabriel et Marie Edmée ont 6 enfants : Philippe, Benoît, Anne, Dominique et Antoine. Le dernier, Emmanuel, est décédé à sa naissance.

Marie-Edmée est particulièrement active à la ferme, s’occupant de tout : du poulailler au potager, en passant par la laiterie et bien sûr la cuisine. Elle s’arrête rarement !

Elle gère aussi l’éducation de ses enfants, veillant à leurs devoirs et leur bien-être. On se souvient d’Antoine dans le jardin : il essayait de réviser sous l’œil vigilant de sa mère, mais parfois distrait par le vent qui emportait ses feuilles de latin…

Marie-Edmée et Gabriel et leurs enfants : de gauche à droite, Dominique, Anne, Benoît, Philippe. Devant, Antoine.
Un engagement pour la Mairie de Brienon

Après le départ des enfants, Marie-Edmée s’investit également dans la vie publique. Après le décès de Michel, son mari, en 1964, et le retrait de Germaine, elle devient adjointe au maire Louis Vincent, un ami de la famille, lui aussi agriculteur à Brienon. C’est certainement pour elle une manière d’exprimer ses autres qualités, en dehors de la ferme. Son autorité lui permet de faire avancer plusieurs dossiers, plutôt dans le secteur social. Elle s’est passionnée pour cette fonction avant de se retirer. Elle a laissé des traces à la Mairie de Brienon : une salle porte d’ailleurs son nom en hommage à son engagement.

Elle participe activement à la création d’une bibliothèque municipale : un gros chantier. Jack Lang a permis l’ouverture des bibliothèques dans les petites villes en créant les bibliopoles. Marie-Edmée s’est beaucoup investie.

Une femme accueillante et une excellente cuisinière

Marie-Edmée est connue pour son accueil chaleureux et ses repas. À la ferme, elle régale la famille et les invités avec ses tartes fabuleuses -salées et sucrées-, ses viandes en sauce, bouillons et autres couscous. Elle se fait aider par Mme Forlani qui épluche les légumes et prépare également de délicieuses purées. Tout est excellent ! Les recettes de Crécy proposent une excellente cuisine. Le trop gourmet Gabriel ne peut s’empêcher toutefois quelques remarques, contré immédiatement par Françoise, l’amie de toujours.

Marie-Edmée n’hésite jamais à cuisiner pour de grandes tablées, que ce soit pour 32 convives avec les cousins Copreaux, Lemaître et de Crécy, pour les repas de chasse ou, de façon plus régulière, pour une vingtaine de personnes avec les curés qui s’invitaient, Paul ou Eugène, Louis Vincent, Etienne Marlot pour parler des plus réguliers. Son accueil et sa cuisine resteront à jamais dans les mémoires. Les repas sont toujours un moment convivial, souvent accompagné de rires et d’anecdotes familiales.

Ces repas mémorables et cet accueil chaleureux sont la marque de fabrique de la ferme depuis un siècle.

Gabriel évoque cette tradition d’accueil de la ferme de Noël et de Marie-Edmée, il parle à sa mère Germaine en ces termes :

Vous avez poussé le soin de l’accueil jusque dans le choix de votre belle-fille. [ rires dans la salle] Ne riez pas, c’était comme ça, dans le temps, car je crois, ma chère Maman, que le seul critère pour lequel, vous l’avez choisie était bien celui-là. L’avenir vous a donné raison : le choix était judicieux, le relais a été bien pris et Noël reste ce que vous l’avez fait.

Discours de Gabriel Leclercq, lors des 80 ans de sa mère Germaine Chamard

Consultez ici l’article sur les recettes de la Ferme de Noël, à compléter par vos soins.

Une intellectuelle

Marie-Edmée était le contraire de Gabriel, parlant peu mais s’ouvrant en petit comité, entre bureau et cuisine. Elle aimait lire et voyager accompagnant Gabriel, en Bretagne ou chez leurs enfants. Après le départ de Gabriel , elle est venue avec Sylvie et Jean dans des conditions rocambolesques aux 80 ans de sa copine d’enfance Françoise Leclercq-Lemaitre.

Marie-Edmée est une grande lectrice, assidue de France-Culture, un héritage de son père. Elle aurait aimé faire des études après le bac, mais la guerre, les ennuis de santé de sa mère et ses fiançailles ont tout empêché. L’été, dans le jardin, elle quitte à regret son livre vers 18h pour préparer le dîner.

A la retraite de Gabriel, elle aime séjourner avec lui en Bretagne mais aussi faire le tour de ses enfants et petits-enfants.

“Je suis venue plusieurs fois en plein hiver. On se mettait au coin du feu ou on se baladait. Gabriel m’accusait de la pervertir ! C’était une intellectuelle devenue femme d’agriculteur avec de grosses contraintes pour faire tourner la maison sous l’oeil acéré de Bonne-Maman jusqu’en 1965, date où les travaux ont commencé pour créer une cuisine et une salle de bains pour Gabriel, Marie-Edmée et leurs enfants .
Chacune dans leur genre recevait parfaitement.”

Souvenirs de Sylvie Mainguy-Lemaître
Souvenirs d’une grand-mère par sa petite-fille

“Mamé (diminutif de Marie-Edmée en version Mamie) comme l’appelait ces petits enfants, restait assez discrète sur sa vie. Je l’ai notamment découverte cet été 2003, suite au décès de Bon Papa (Gabriel). Je travaillais alors à la ferme pour Antoine. Nous nous retrouvions le soir autour d’un bol de soupe, et elle me contait ses souvenirs d’enfance et notamment son départ de Brienon, pendant la guerre, avec Paul, dont elle s’occupait. Ils ont marché jusqu’au Morvan et notamment à la Pierre qui vire.

Un jour, nous avons été faire une visite “incognito” à la ferme de Crécy pendant des portes ouvertes. La guide expliquait qu’à l’époque, les mariages s’organisaient entre les grandes fermes afin d’agrandir leur patrimoine foncier. Mamé a pris la parole et s’est offusquée de cette généralité. Très pudiquement, elle a contredit la guide.

Quand nous étions jeune avec Julien, aux alentours de 10 ans, elle recevait parfois sa sœur, Tante Marie-Ange. Elle nous appelait avec mon frère et nous installait dans la salon alors que les deux femmes prenaient le thé. Elles étaient très contentes de se voir et avaient la particularité de parler en même temps, et nous étions assis là, à les regarder en tentant de comprendre ces doubles langages.

Jeune, je montais Roquette, le cheval alezan de la ferme. Les premières années de son arrivée, j’avais environ 12 ans et lorsque je sortais faire une balade, j’étais accompagné par Bon papa dans sa Lada ou par Mamé qui prenait son VTT et me suivait autour de la ferme.”

Caroline, sa petite-fille
La retraite et les derniers mois

Après le départ de Gabriel, Marie-Edmée se retire dans une maison de retraite à Arces-Dilo, où elle est accompagnée avec soin et empathie par Béatrice, la femme d’Antoine. C’est là qu’elle passe ses derniers mois, entourée de sa famille.

Elle nous quitte le 14 décembre 2011.

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