Un syndicalisme nouveau…
Au lendemain de la Première Guerre mondiale, l’affaiblissement d’une agriculture décimée par la guerre (sur 3 700 000 paysans mobilisés, 673 000 sont morts et 500 000 réformés avec des degrés divers d’invalidité) plaide pour l’unité de la profession. “L’union sacrée” a rendu possible un rapprochement des associations agricoles, qui auparavant s’opposaient.
La toute jeune Révolution soviétique effraie les tenants de la propriété agricole : la grande, de droite et la petite, de gauche.
Le vieux clivage finit par avoir raison de cette union sacrée de la guerre… Nos villages se divisent presque toujours en deux clans : les rouges et les blancs, les républicains et les « réactionnaires », les partisans de l’instituteur et ceux du curé.
C’est l’époque où on exalte la supériorité économique et sociale de l’exploitation familiale, qui s’adapte au monde industriel et urbanisé, dominé par la technique et le marché. L’agriculture, c’est la paysannerie, mais c’est aussi la production.
Un syndicalisme nouveau nait de la crise, animé non plus par de grands propriétaires ou des hommes politiques, mais par de gros exploitants sortis des écoles d’agriculture. Influencé la fois par l’idéologie des mouvements d’action catholiques et par celle de Dorgères et de ses Chemises Vertes, c’est un syndicalisme de congrès et de revendications qui installe son Union nationale des Syndicats agricoles.
L’idée d’associations spécialisées va faire son chemin chez les agriculteurs les plus importants de l’Union Centrale. Ils y voient un bon moyen d’une part de constituer un outil politique capable d’imposer des choix économiques et d’autre part de garder le contrôle des campagnes, branche d’activité par branche d’activité.
Ils lancent deux associations spécialisées : la Confédération Générale Betteravières (CGB) en 1921, et l’Association Générale des Producteurs de Blé (AGPB) en 1924.
… pour sauver les paysans de la crise des années 1930
Dès 1926, les cours de la pomme de terre et de la betterave sucrière s’inversent. En 1927, c’est le tour du lin, en 1928 celui des céréales. La crise industrielle éclate donc dans une période de dépression des prix agricoles.
En 1928, certains secteurs sont très touchés, notamment le lin et la chicorée en Flandre. Les agriculteurs plantent alors des betteraves sucrières dont la superficie augmente de 25%. Cette surproduction est accompagnée, en 1930, d’une grande chute des prix.
De 1929 à 1932, une série de dépressions atteint les productions, les unes après les autres :
- En 1929, les cours des céréales s’affaissent, ceux du lin et du houblon s’effondrent.
- En 1930, les prix de gros de la viande s’orientent à la baisse, le porc chute. En été, le lait commence à baisser. Durant l’hiver, le prix des betteraves sucrières s’effondre.
- L’année 1931 voit une aggravation générale du marché, par suite de mauvaises récoltes, en particulier, à l’automne, par l’effondrement des prix du bœuf (sauf pour le blé qui a rétabli sa situation).
- 1932 est l’année de l’écroulement des prix de la pomme de terre et de la débâcle du blé.
La période de 1933 à 1935 est la plus difficile pour l’agriculture du département : tous les secteurs sont touchés profondément. Le marché agricole du Nord vit au même rythme que celui de la France entière. Il semble toutefois que dans certains secteurs -la betterave sucrière et la pomme de terre en particulier-, les cours du Nord se soient maintenus à un niveau plus élevé que celui de la moyenne nationale. Par conséquent, les effets de la crise s’y seraient faits moins sentir.