Dans son livre Souvenirs de famille, Claude Leclercq nous raconte les actes de résistance de Maurice Leclercq à Beauvoir.
“Une partie du château de Beauvoir fut occupée par des officiers allemands (1944). Mon grand-père avait reçu des pigeons voyageurs parachutés par les aviateurs anglais dans des petites boîtes dont le couvercle collé se détachait avec la rosée si le pigeon n’était pas découvert rapidement. Il en profita pour faire parvenir en Angleterre des plans de rampes de lancement de « V1 » et « V2 » en cours de construction qu’il avait vus sur une carte à Beauvoir. Il les reproduisit sur un calque placé sur une carte du nord de la France éditée en Angleterre. Il expédia ce calque par un pigeon voyageur avec les références de la carte et les coordonnées de son compte bancaire à Londres (ce qui permettait aux Anglais de l’identifier mais évitait que les Allemands ne le découvrent s’ils parvenaient à récupérer le pigeon).
Les Anglais lui envoyèrent ensuite assez régulièrement un espion qui ne fut jamais découvert ; habillé en paysan, il venait de temps à autre pêcher sur les bords de l’Authie et prenait rapidement les informations nouvelles éventuelles. Mon grand-père obtint des enseignements complémentaires sur les plans des rampes de lancement par les femmes de ménage du château de Frohen (dans le village voisin, appartenant à la famille du Passage), où étaient installés les bureaux d’ingénieurs et de techniciens travaillant à la mise en place de ces rampes. Il reçut après la guerre une décoration des autorités britanniques et se vit attribuer un grade honoraire d’officier dans l’armée de Sa Majesté.”